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Les VBG, un frein à la participation citoyenne ?

Les violences basées sur le Genre (VBG) sont une réalité au Bénin. Le phénomène peut prendre ses sources dans la sociologie ou les réalités culturelles. Ainsi, des faits de violences faites aux femmes ou aux hommes sont légion et s’observent sous toutes les formes, comme dans les autres pays. Mais, dans un État démocratique, en quoi les VGB, qui engendrent des souffrances physiques et mentales sur des victimes, peuvent constituer un handicap à la participation citoyenne ? Dans cet article, nous en parlons avec des experts de la démocratie et des militants des droits humains.

Typologie des VBG

Les VBG (Violences basées sur le Genre) constituent l’ensemble des abus, moyens de coercition, menaces physiques, sexuelles, émotionnelles, psychologiques, économiques ou éducatives dirigés contre un individu ou un groupe d’individus en raison de leur identité de genre. Les VBG sont fondées sur l’inégalité entre les sexes, l’abus de pouvoir et les normes sociétales néfastes.
Le phénomène se manifeste sous plusieurs formes dans nos milieux. Il s’agit :

  • des violences domestiques,
  • des violences sexuelles,
  • des abus et de la violence physique,
  • des abus et violences psychologiques et émotionnelles,
  • des mutilations génitales féminines,
  • des violences gynécologiques et obstétricales,
  • des violences institutionnelles,
  • des cyberviolences
  • et bien d’autres …

Malheureusement, chaque forme de violence entraîne des conséquences graves dans nos états. Interrogée sur la question, Teslanik Houndegnon, gestionnaire de projets en genre et développement international, militante féministe, affirme que “l’impact des VBG dépasse la seule victime et s’étend à l’ensemble de la société”.
À en croire la militante, “les violences basées sur le genre entraînent le rejet et la stigmatisation et ont un impact négatif sur les relations sociales”, et “représentent un coût humain et économique immense pour nos sociétés, entravent le développement, car les personnes victimes constituent des ressources humaines moins productives pour le développement de la société du fait des séquelles qu’elles traînent”. Il est utile de savoir que toutes les formes de VBG portent des conséquences directes ou indirectes sur la victime.

Les VBG, un frein un frein à la démocratie participative

Si les violences basées sur le genre engendrent des conséquences sur les victimes dans notre société, cela pourra-t-il affecter la démocratie participative ? Mais comment ? Selon le Professeur Kitti Hinnougnon Nathaniel, enseignant-chercheur en Science politique, les VBG constituent un frein à la démocratie participative : “l’intérêt général des citoyens doit tenir compte dans la définition des projets et programmes de développement” observe-t-il avant d’expliquer qu’il “est important que la parole soit donnée à toutes les couches de la société pour que les citoyens puissent exprimer les besoins afin qu’ils soient pris en compte dans les programmes. Mais, les VBG ne permettent pas de prendre en compte les préoccupations de toutes les couches de la société” se désole l’enseignant d’université.


Pour Landry Angelo Adélakoun, juriste, consultant en droit humain et membre du Quintet, tout ce qui constitue une violation des droits humains est un frein à l’effectivité de la démocratie, particulièrement la démocratie participative. “La démocratie ne repose que sur des humains, et lorsque nous sommes dans une société où les VBG s’observent, c’est que nous ne sommes pas en train de respecter les principes démocratiques qui voudraient que les lois gouvernent la république. Avec les VBG, nous sommes aux antipodes des valeurs de la démocratie” avance Landry Adelakoun avant d’expliquer que “Nous sommes aux antipodes de la participation de tous à la gestion des affaires publiques parce que quand aura fini de maltraiter les femmes ou les hommes, il n’y aura plus personne pour quand même rêver ou aspirer à aller à la conquête, ou gérer que ce soit au niveau micro, macro les questions de société”.
Par ailleurs, en étant victime de VBG, un individu ne peut jouir de l’opportunité de disposer du pouvoir d’influencer les décisions qui affectent sa vie, au niveau communautaire ou national. Les VBG font partie des principaux mécanismes sociaux de subordination dans nos états. En étant victime de VBG, un individu ne peut jouir de l’opportunité de disposer du pouvoir d’influencer les décisions qui affectent sa vie. “Le processus de participation citoyenne est ainsi freiné” déclare avec consternation Teslanik Houndegnon.

Violences conjugales (images Freepik)

Combattre les VBG, c’est renforcer la démocratie

Promouvoir un état sûr et favorable à la participation citoyenne, sans crainte d’aucune forme de violence, est chose possible. Déjà des luttes se mènent pour éliminer les VBG dans nos sociétés. “La lutte contre les VBG n’est pas une question de 16 jours, c’est une question de tous les instants” dira Landry Angela Adelakoun. À l’en croire, le Bénin dispose déjà d’un cadre légal très répressif des actions de VBG et il serait utile que ce cadre légal soit connu.
“En tant que juriste, nous allons inviter tout un chacun de nous, et toutes les organisations, à davantage œuvrer dans l’éducation aux droits humains, pour ne pas dire l’éducation sur les questions de VBG”, a-t-il lancé. Le Professeur Kitti Hinnougnon Nathaniel fait cas de l’importance de l’éducation dans nos États démocratiques. Pour lui, plus les populations seront éduquées, mieux elles seront préparées à défendre leurs droits, mieux elles vont participer à la gestion de la chose publique.
En dehors de cela, l’enseignant-chercheur propose que les citoyens aient accès à la santé et surtout à l’emploi afin d’avoir des revenus pour mieux participer à la gestion de la chose publique. La lutte contre les VBG doit se poursuivre et doit se mener de façon efficace pour endiguer les formes de violences pour des citoyens plus épanouis. Cela permettra d’avoir un capital humain conséquent et plus épanoui au service de la nation.

Par Médard CLOBECHI

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