· Blog Campagnes Debats

“Chaque Béninois dispose des outils qu’il faut exploiter pour que sa voix compte” David SOHOU, consultant juriste, membre ACLB

Nous ne sommes pas seulement l’avenir, nous sommes le présent“. La question de la participation citoyenne et de l’engagement des jeunes restent des sujets majeurs pour AfricTivistes CitizenLab Bénin. Une manière pour ce creuset d’amener les jeunes à participer au développement de leur pays avec un point d’honneur sur la bonne gouvernance. Lors d’une récente interview, AfricTivistes CitizenLab Bénin met en lumière l’importance pour chaque Béninois d’utiliser les outils à sa disposition pour faire entendre sa voix. C’était avec David Sohou, chargé des opérations au sein du lab. Loin, dans cette interview réalisée avec le journal Fraternité, c’était l’occasion aussi de mettre l’accent sur comment la jeunesse peut prendre ses responsabilités dès aujourd’hui pour promouvoir une gouvernance exemplaire.

  • Fraternité : C’est quoi ACLB et quelles sont mes missions/Objectif ?

Réponse : ACLB, entendez Africtivistes CitizenLab Bénin est un laboratoire de production d’idées novatrices, porté par des jeunes acteurs de la société civile. Elle vise à promouvoir l’engagement citoyen et la démocratie participative en analysant, dans une démarche de co-construction et de création sur la base de l’intelligence collective, les réalités temporelles de la démocratie au Bénin et en Afrique.

  • Fraternité : Quels sont les mécanismes pour atteindre ses objectifs ?

Réponse : Pour atteindre ses objectifs, Africtivistes CitizenLab Bénin fait du numérique un levier central et incontournable de son travail et de la recherche de solutions communautaires un axe fondamental de son action.

En ligne, nous procédons à la production de contenus de valeurs que nous publions pour alimentaire le débat citoyen sur la qualité de la gouvernance dans notre Etat et sur le continent. Nous apportons un verre d’eau au moulin des réflexions qui ornent l’espace civique et dont les objectifs premiers sont de contribuer à améliorer la place du citoyen dans la définition des politiques publiques et la participation de ceux-ci dans la mise en œuvre desdites politiques. A travers notre plateformes ( https://www.citizenlabbenin.org/ ) en ligne, nous produisons des supports podcasts, des articles de réflexions, des vidéos d’éducation citoyenne et bien d’autres éléments dans le but d’exposer le maximum de jeunes et de citoyens intéressés aux enjeux de la participation citoyenne pour une bonne gouvernance et une démocratie suffisamment forte et inclusive.

Hors ligne, nous adressons également notre cible de jeunes citoyens à travers des formations présentiels et des actions de plaidoyers à l’endroit de divers acteurs de la chaine de décision pour influencer les angles d’approches politiques qui sont en cours pour régler des problèmes de notre commune société. Le but est de rendre lesdites décisions suffisamment sensibles aux attentes des citoyens qui s’organisent pour faire entendre leur voix.

Les actions de plaidoyers sont également des outils pour nous qui servent à susciter l’action des gouvernants pour la mise en oeuvre ou l’opérationnalisation de certains documents de référence nationale et regionale ; la CADEG et le Menu des Engagements Possibles notamment.

  • Fraternité : C’est quoi votre regard sur la Démocratie, participation citoyenne au Benin ?

Réponse : En tant qu’option politique pour le Benin et pour bien d’autres pays africains et d’ailleurs, la démocratie demeure, en pratique, une quête permanente. Ce constat n’autorise pas à prêter flanc à l’entretien ou a la pérennisation d’une logique de « démocratie rentabilisée ou otage de ses acteurs » ; comme le dirait le doyen HINNOU.

Loin s’en faut ; la consolidation démocratique est intimement liée aux cultures politiques, lesquelles permettent d’interroger le militantisme, le civisme et la citoyenneté ainsi que les acteurs qui interagissent dans chacune de ces sphères sociopolitiques, toutes ouvertes aux enjeux et défis inhérents a la vie démocratique tout court.

Conséquemment, porter un regard ou un jugement sur l’état de la démocratie, ou plus spécifiquement sur l’état de la participation citoyenne au Benin revient, pour ma part et ma foi, a fixer l’énigmatique question des regards sur le verre a moitie plein ou a moitie vide.

Les initiatives portant sur la démocratie et les transitions démocratiques, dans la perspective d’une adhésion massive et surtout dans celle incarnée par le local-level-politics, mettent en relief les citoyens d’en bas (ou ordinaires) analysés à travers leurs attitudes, leurs valeurs et leurs différents comportements. L’appropriation massive des normes et pratiques démocratiques donne corps à une culture politique, qui plus est « démocratique ».

II s’infère que, vivant dans une communauté politique à laquelle il appartient, le citoyen béninois s’identifie à cet espace où sont défendues des valeurs et pratiques. Dans cette communauté politique, la citoyenneté est fonction du régime en cours.

Particulièrement en démocratie que nous expérimentons depuis 90, il est conféré à la citoyenneté un statut social, politique et juridique. Au-delà des droits et devoirs reconnus au citoyen, il est institué l’encadrement du pouvoir des gouvernants. Au nom de cet encadrement, les citoyens s’organisent pour « prendre la parole », d’abord à l’échelle nationale. Cette prise de parole peut être ensuite intensifiée à l’échelon local par le truchement des élections communales et municipales en contexte de décentralisation.

Ainsi, la participation des citoyens à la vie publique prend au Bénin plusieurs formes, allant du contrôle citoyen de l’action publique à la co-construction citoyenne, celle-ci demandant l’implication des citoyens organisés à toutes les phases des politiques publiques, c’est-à-dire depuis la conception des projets de développement jusqu’à leur évaluation en passant par leur mise en œuvre.

II va donc de soi que le verre est relativement à moitié plein et que, si les libertés fondamentales notamment celles relatives a l’expression de la presse ou de ces hommes/femmes sont quelque peu geôlées, il n’en demeure pas moins réel que l’expérience d’une démocratie plutôt substantive est amorcée. Chaque Béninois dispose des outils qu’il faut exploiter pour que sa voix compte et porte dans la discussion citoyenne. Reste peut-être à ce qu’il/elle en mesure la portée et l’opportunité et qu’il/elle veuille bien l’user ; ou même le sur-user.

  • Fraternité : Depuis votre existence quels sont les projets phares / activités phares déjà menées?

Réponse : Plusieurs projets ont déjà été mis en œuvre depuis la naissance de ACLB au Benin. Nous avons notamment fait des campagnes de sensibilisation et d’engagement de la communauté en faveur des Droits humains (ceux de la femme plus spécifiquement) que nous considérons comme la dorsale de toute démocratie.

L’initiative 1HeureAvecACLB constitue également l’un de nos projets les plus intéressants au moyen duquel nous détaboutisons la démocratie et ses sujets corollaires en faisant de sorte que les questions de gouvernance publiques, de redevabilité ou d’engagement et participation citoyenne ne soit plus jamais élitiste. Et que les plus jeunes dans les écoles puissent déjà en saisir le sens et se préparer à en être des acteurs significatifs.

Définitivement, nous sommes également fiers de porter des programmes de formations tant en ligne qu’hors ligne pour renforcer la participation des jeunes a l’espace civique et a l’animation de la vie publique au Benin.

  • Fraternité : Parlez-nous de votre formation a venir, celle qui concerne l’étape de Cotonou

Réponse : Le laboratoire citoyen ACLB s’est donné comme objectif d’ici Juillet de faire une série de trois formations à travers le pays. II s’agit de programme de renforcement des connaissances et des expériences sur les notions d’engagement citoyens, des mécanismes de participation citoyenne et la maîtrise des documents de références lnternationaux en matière de Démocratie et de participation des jeunes.

S’il est vrai que nous avons un axe de plaidoyer qui s’y consacre entièrement, nous avons jugé utile et nécessaire de conduire des modules simplifies qui expliquent à nos pairs jeunes l’étendu du MENU DES ENGAGEMENTS POSSIBLES qui est un condensé des engagements que plusieurs OSC et des dirigeants mondiaux ont solidairement établis et qu’ils ont estimé qu’il faille recommander aux gouvernements des pays du monde pour favoriser l’insertion et l’inclusion des jeunes dans la gestion des affaires publiques.

La première session de cette série de formation qui tiendra à Cotonou vise à outiller les jeunes de Cotonou sur comment ils peuvent faire entendre leur voix dans les arcanes de la gouvernance Locale à Cotonou, mais aussi dans les rangs des gouvernants centraux. Nous espérons que cette formation, et celle d’après également puissent susciter des nouveaux/lles hommes/femmes qui se lèvent spontanément et qui se positionnent comme des parties prenantes sur lesquelles les gouvernants peuvent compter pour contribuer à la construction de nos cités communes au Benin.

  • Fraternité : Dites-nous un peu plus sur ce qu’est le MENU DES ENGAGEMENTS POSSIBLES, c’est quoi concrètement.

Réponse : Comme énoncé précédemment, le MENU DES ENGAGEMENTS POSSIBLES est une palette de recommandation spécifique et réalisable pour les gouvernements et les institutions internationales soucieux de promouvoir les droits et la participation des jeunes dans leur contexte national.

En effet, le Menu des engagements Possibles trouve vie dans un contexte de lancement de la « Youth Political and Civic Engagement Cohort » lors de la dernière Journée Internationale de la Démocratie, par la YCD en partenariat avec plusieurs gouvernements, OSC et organisations internationales. Cette cohorte s’inscrivait dans le cadre de l’Année de l’Action du Sommet pour la Démocratie, initiée par le Président américain Joe Biden et avec la participation de la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Ces cohortes rassemblent des gouvernements, la société civile et le secteur privé pour promouvoir la bonne gouvernance et le renouveau démocratique dans le monde.

Le Menu des Engagements Possibles a donc été lancé en amont du Sommet pour la Démocratie, offrant aux Etats participants une série d’engagements pour prioriser, faciliter et renforcer la participation civique et politique des jeunes.

Le document comporte 33 recommandations que nous pouvons ranger en 5 familles d’action.

  • Fraternité : Un mot a la jeunesse

Réponse : Nous ne sommes pas l’avenir ; nous sommes aujourd’hui. Le piège, sinon le danger de notre génération sera de continuer à remettre a demain notre légitimité d’action et notre responsabilité vis-à-vis de cette nation et de ce continent. Chaque Jeune est une valeur certaine sur laquelle l’Etat que nous constituons doit compter pour s’ériger comme un acteur dont la voix compte dans le ballet décisionnel des Etats mondiaux.

Nous sommes tou.te.s, aujourd’hui et non demain, responsables de ce que est et restera notre pays en terme de développement et de démocratie plus spécifiquement.

Le développement commence nécessaire par nous ; citoyen.
II commence sans aucun doute par nous, les jeunes.

  • Fraternité : Votre mot de la fin

Réponse : Agissez. Agissez avec responsabilité. Agissez légalement. Agissez avec stratégie. Quoiqu’il en soit, agissez. Ce n’est que de la somme de nos actions cumulées que la bâtisse nation-béninoise trouverait un sens dans l’agora des démocraties de ce monde. Personne ne viendra le faire à notre place et très certainement, personne ne veillera à la bonne foi de nos dirigeants quand nous avons fini de les choisir. Nous, citoyens, sommes le peuple. Et ce n’est que notre pouvoir à nous autogouverner entre les mains de nos élus pour notre propre compte qui détermine la qualité de notre démocratie. Agissons définitivement !!!

Interview à lire également en intégralité ici :

La Parution de la Fraternité

Retour a l'actualité